Formation des enseignants

L’ordinateur a fait progressivement son apparition dans l’école obligatoire depuis bientôt deux décennies. Pourtant, force est de constater que si les enseignants utilisent de plus en plus cet outil dans la gestion de leur classe, ils l’intègrent relativement peu dans leur enseignement au quotidien. En effet, ces technologies impliquent de profondes remises en question de l’organisation de la classe, des pratiques et des rapports entre enseignants et élèves.

Ainsi, l’ordinateur est souvent mis à disposition pour des activités annexes, en fond de classe ou dans des salles spécifiques, mais les élèves n’ont que rarement l’occasion d’en tirer parti dans le cadre des activités régulières de la classe ou d’exercer leur regard analytique à l’égard des médias utilisant les technologies de l’information et de la communication (TIC).

Ce bilan mitigé pose, entre autres, la question de la formation des enseignants. « Se former aux technologies » n’est pas seulement se former à leur manipulation, mais aussi et surtout se former à la dimension pédagogique de leur usage. Il s’agit notamment d’apprendre à reconnaître les situations où les TIC enrichiront leur enseignement et de créer le cadre pédagogique dans lequel l’élève tirera profit de cet outil.

Afin d’offrir aux élèves une école qui accompagne l’évolution de la société dans laquelle ils vivent, il est essentiel de mettre sur pied pour les enseignants une formation continue à la fois innovante et proche de leurs préoccupations et de leurs besoins.

Sensibilisation des collectivités locales

La responsabilité en termes d’équipements et d’infrastructures est partagée entre les cantons et les communes. Les uns ne peuvent avancer sans les autres dans le domaine des TIC.
La formation des enseignants doit ainsi s’accompagner d’une information et d’une sensibilisation à l’échelon politique. Toutefois, tant que la formation sera exclusivement dispensée dans les centres cantonaux, non seulement elle ne touchera qu’un nombre restreint d’enseignants, mais, de plus, elle n’incitera pas les autorités locales à se sentir partenaires de l’intégration des TIC dans leur région.
Il s’agit donc de diversifier les modalités de formation notamment en les régionalisant.


Le projet Médiabus vise à mettre en lien les régions périphériques du canton de Vaud, y compris celles à cheval sur les frontières intercantonales, comme le pied du Jura (Vaud / Neuchâtel), la Broye (Vaud / Fribourg), la Veveyse (Vaud / Fribourg), la Côte (Vaud / Genève) et le Chablais (Vaud / Valais). Des contacts ont déjà été pris avec le centre FRI-TIC de Fribourg pour que les enseignantes et enseignants de ce canton puissent bénéficier de cette prestation et d’autres seront établis avec les services d’enseignement et de formation des cantons voisins en cours de déploiement du projet, afin qu’ils puissent aussi bénéficier de cette prestation, et ce au-delà de la période subventionnée par la Confédération.

Les différents participants au projet seront en lien les uns avec les autres, que ce soit par le biais d’émissions de radio réalisées par les élèves, diffusées par voie herzienne et sur l’internet, par le biais de productions multimédias consultables sur l’internet ou encore de réalisations vidéo diffusées par le réseau câblé des télévisions locales.


Accompagnement des projets dans leur lieu de réalisation

Toute réforme des pratiques éducatives exige la pleine participation des enseignants, non en les faisant adhérer à un plan concocté sans eux, mais en les impliquant, dès le début, dans sa conception et sa réalisation. Pour que la formation débouche sur un transfert durable dans les pratiques, il importe donc qu’elle soit couplée à un accompagnement de projets pédagogiques réalisés en classe, sans quoi le risque est grand qu’elle ne porte pas ses fruits et que les enseignants renoncent à se lancer.


Contexte international 1

Selon l’ « Information Society Index »2, la Suisse figure au 7e rang de 150 pays pour l’ensemble des investissements consentis par les collectivités publiques, les entreprises et les ménages en matière d’accès à l’autoroute de l’information. Ces bons résultats de la Suisse reposent en fait sur certains indicateurs dont l’excellence est en corrélation avec le niveau de vie élevé en Suisse: par exemple les dépenses privées pour les TIC en pourcentage du PIB ou par habitant, ou encore le nombre d’ordinateurs pour 1000 habitants.
Le système éducatif suisse est par contre beaucoup moins bien placé. Il suffit de voir la situation qui prévaut dans les autres pays européens ou non européens pour s’en rendre compte. Selon le « Digital Society Index »
3, la Suisse ne compte que 30 % d’écoles primaires reliées à l’internet, soit le taux le plus bas de tous les pays comparés.

En Europe, ce sont les pays scandinaves qui tiennent le premier rang. En Finlande, presque toutes les écoles sont raccordées à l’internet depuis fin 1999. En Suède, cette proportion atteint plus de 90 % et on compte en moyenne un ordinateur pour six élèves. L’Amérique du Nord est également dans le peloton de tête. Aux Etats-Unis, 95 % des écoles sont reliées à « la Toile », tandis que ce taux s’élève à près de 80 % au Canada. Il y a un ordinateur pour sept élèves aux Etats-Unis.
Notre pays ne pourra combler ce fossé numérique que si les cantons consentent des efforts conséquents dans leurs domaines d’intervention et si le secteur privé les appuie dans cette direction. Il en va tant de l’avenir professionnel d’une large part de nos enfants que de l’attractivité à terme de la place économique suisse.


1 Source : « Message du Conseil Fédéral concernant la loi fédérale sur l’encouragement de l’utilisation des technologies de l’information et de la communication dans les écoles du 22 août 2001. »

2 L’« Information Society Index » (ISI) se compose de plusieurs indices tenant compte de nombreux aspects déterminants pour la société de l’information. Il classe ainsi les 150 pays ayant accès à l’autoroute de l’information.

3 Indice multifactoriel établi dans le cadre de l’initiative privée « CH21 ». Le programme d’impulsion CH21 est une initiative visant à rassembler et à promouvoir l’ensemble des activités et projets susceptibles de faire progresser la Suisse dans le domaine des technologies de l’information et de la communication